La première quinzaine du mois d’août est souvent synonyme de vacances, mais cette année on anticipe de près d’une semaine pour aller à l’Alpe d’Huez (tiens donc). Je suis inscrit sur le Longue Distance. C’est mon premier tri de l’année, le calendrier familiale primant, je n’ai pas eu l’occasion d’en faire un plus modeste avant.
Elisa et Colin, eux, participent à l’iron kids, la veille du LD. J’avais hésité à faire également le duathlon du mercredi, mais quand j’ai vu la météo pluvieuse, je me suis dit que j’avais bien fait d’être raisonnable. Comme à chaque fois, les enfants ont adorés de faire leurs tri respectifs… Pour preuve, le « C’est quand le suivant d’Elisa à l’arrivée ».
Le LD consiste en 2.1 km de nat dans le lac du Verney, juste au pied d’Oz… et du glandon… Souvenir du début du mois, où je suis passé avec la marmotte. C’est le lac alimentant la plus grosse centrale hydroélectrique de France, la natation y est formellement interdite, sauf 2 jours l’année… Ensuite, on parcourt 115 km avec l’alpe du grand serre, le col d’Ornon et la montée de l’Alpes… On termine par 3 boucles de 7 km allant vers le col de la Sarenne.
La veille de l’épreuve, je profite d’une promotion du village départ pour « échanger » ma combi aquaqsphère contre une aquaman, nettement plus performante (néoprène plus souple et aussi une taille au dessus, plus adaptée). Je vais donc déroger à l’adage… JAMAIS tester du matériel en compétition… Mais rien que d’avoir essayé l’une puis l’autre, je savais que je faisais le bon choix.
Place à la course… C’est non seulement mon premier tri de l’année, mais c’est surtout le plus dur que j’ai jamais fait… (pour rappel mes 2 LD sont le chtri man et Gérarmer). Je quitte l’Alpe en vélo avec le sac à dos de bienvenue reçu avec mon dossard. Je ne suis pas l’itinéraire par Villard Reculas, j’ai peur de percé sur la magnifique corniche et je crains d’avoir froid dans le descente du bois.
Dans la vallée, je me remémore la marmotte, mes souvenirs sont encore tout frais…
J’arrive dans l’aire de transition ½ heure avant le départ. Juste assez de temps pour retirer ma caméra (interdite sur le casque en tri) et de m’installer à l’emplacement 478. Je me dirige vers le lieu de la mise à l’eau. J’entends le speaker commenter la mésaventure d’un concurrent ayant oublié sa puce de chronométrage… je vérifie… Demi tour, j’ai moi aussi oublié de la remettre après avoir enfilé ma combi… Rebelotte, quelques secondes plus tard, ce coup ci c’est ma montre que je dois aller rechercher. Je vous l‘ai déjà écrit : le tri n’est pas un sport de distrait.
Je rentre dans l’eau (15,3 °C), c’est froid mais c’est gérable. Je me dirige vers la ligne. Avant même de l’avoir rejoint, le départ est donné… Ca fera 100 m de plus pour moi.
Me voici donc parti pour le plus gros triathlon auquel je n’aie jamais participé… Je tente un truc encore jamais essayé : le drafting aquatique. Celui-ci est permis. Ca marche et bien en plus, je me décale et à l’instar du vélo je suis immédiatement ralenti. Le plus dur étant de trouver la bonne personne à suivre. En ce qui concerne la nouvelle combi, pas de souci, même que du bonheur, j’ai beaucoup plus de facilité de mouvement. Je ne sais pas si elle me fait aller plus vite, mais en tout cas, elle me permet d’économiser de l’énergie.
Le premier passage de bouée se passe sans trop de bousculades. Mais je suis un mauvais poisson qui part trop à gauche par rapport à la bouée suivante, dès que je m’en aperçois je rectifie la trajectoire. A part ca, le premier tour se passe sans heurt.
Le second va être un peu plus compliqué… A mi distance, je ressens une crampe dans le mollet gauche… Non pas déjà me dis-je… Je nage avec mes manchons de compression, je pense que ça doit être la cause de cette crampe. Je fais quelques mouvements sur le dos afin de m’oxygéner… La peur de l’abandon m’envahit, nager avec une crampe est au-dessus de mes compétences… Je repense à un gars qui m’avait dit qu’il était interdit de nager avec ses manchons… info ou intox, en tout cas, je ne le ferais plus. Je reprends le crawl en modérant l’allure et en amplifiant mon geste respiratoire afin de surventiller. Ces diverses mesures suffisent… Je vais pouvoir terminer la natation.
Je sors 286ème en 42’30’’. Il y a pas mal de monde le long des barrières nadars nous menant jusqu’à l’aire de transition. Je n’ai toujours pas travaillé cette transition. Ma nouvelle combi s’enlève un peu plus facilement que l’ancienne. Outre mes chaussettes et mes chaussures de vélo, j’enfile également un coupe vent assez léger. C’est une erreur, j’aurais mieux fait d’utiliser une vareuse de vélo à poche déposée sur mon guidon avec éventuellement une paire de manchettes dedans à enfiler en roulant. Mais les conditions climatiques seront plus chaude que prévue, la trifonction aurait pu suffir.
Une nouvelle fois c’est la partie où je suis le moins classé (419ème), une nouvelle fois je me dis qu’il est temps que je m’entraîne à cette 4ème discipline qu’est la transition.
Point de vue matos, j’ai opté pour mon Wilier sans lui ajouter d’appendice supplémentaire Il y a peu de vallée et 3 cols, j’ai donc opté pour la légèreté et non pour l’aérodynamisme. N’ayant pas de poche sur ma tri fonction, j’ai ajouté un porte bidon supplémentaire sur ma tige de selle pour y mettre mon boyau de rechange et j’ai fixer une bombe de mousse sur le cadre. Je fourre trois galettes au miel et deux gels antioxydant le long de ma cuisse.
La petite bosse pour sortir du lac se passe bien, je dépasse déjà pas mal de gars. Je fais un petit clin d’œil en passant devant la route qui part à Oz. Le non drafting est jusqu’ici bien respecté. Par contre la partie descendante sur la grand route se fera en peloton, il faut bien avouer que c’est assez difficile de faire autrement.
Me voici au pied de l’alpe du grand Serre. Je l’ai déjà escaladé une fois lors de la Vaujany il y a 2 ans. En fait, tout le début du parcours est commun entre ces deux épreuves. Dès les premiers lacets, j’ôte mon coupe-vent et le fourre dans mon dos, c’est pas une si mauvaise place que ca, car je vais complètement l’oublier jusqu’à … l’arrivée. Je prends mon rythme, je suis bien en dedans, la route est encore longue. J’ai envie d’accélérer mais pour aller loin, il faut ménager sa monture. Je dépasse plus gars que je ne suis dépassé. Lorsque ca arrive, je me force à ne pas sauter dans la roue. Je monte ce col à ma main à un bon petit train de sénateur…
Ensuite place à une longue descente, un peu de vallée et on attaque le col d’Ornon par son versant le plus roulant, le plus facile aussi. C’est justement ce qui est dangereux… Ca donne envie d’y aller alors qu’il faut en garder sous la pédale. Je me cale dans le rythme d’un autre concurrent, toujours à 3m bien sur, mais avoir un meneur d’allure m’aide à ne pas aller trop vite ou à ne pas m’endormir. Par contre il est affublé d’une véritable sangsue qui le collera jusqu’au dernier km de l’Alpe… Certains n’ont pas compris que le tri était non drafting ou on un goût trop prononcé de la tricherie…
Le sommet d’Ornon est un peu plus pentu, c’est ici qu’on avait forcé l’allure lors de la Vaujany me valant un classement honorable sur Strava. Mais aujourd’hui pas question d’accélérer, je me préserve pour la CAP. Je m’amuse du panneau nous indiquant le franchissement du Xème méridien… Me voici au sommet de la deuxième ascension du jour… J’attrape un bidon au passage… Jusqu’ici le code couleur des bidons étaient clairs : bidons jaunes powerbar = énergie que je ne digère pas et bidon blanc au couleur du tri = eau… J’attrape donc un bidon blanc et comme je suis limite déshydraté, j’afonne ce bidon afin de pouvoir en prendre un second. Pas de bol, c’est du powerbar… je prend un second bidon, je goute, il s’agit bien d’eau, je vais pouvoir diluer cette crasse.
La descente est assez sympa, je rattrape mon poisson pilote et sa sangsue que j’avais laissé filer à 1km du sommet lors d’une pause sanitaire. En bas on papote 2 minutes de … drafting évidemment. On traverse Bourg d’Oisans et on attaque l’Alpe, c’est la troisième fois ce mois-ci que j’emprunte cette route. Je ne compte plus le nombre total de fois… On doit être pas loin des 20, alors que je ne l’aime pas (trop de circulation). Je pensais d’ailleurs que la route était fermée mais pas de bol, c’est pour le petit qu’elle sera fermée le lendemain. Je prends à nouveau un bon rythme mais soutenable. La température est plus élevée qu’annoncée mais rien à voir avec ce que l’on a connu lors de la marmotte.
A Huez, j’ai l’agréable surprise de retrouver Cécile et les enfants descendu avec les œufs pour venir m’encourager. Colin court à côté de moi quelques dizaines de mètres. Première grosse émotion de la journée… Il faut la contenir car la route est encore longue. A la sortie d’Huez, je les salue de loin lorsqu’il remonte dans le remonte pente. Je commence une nouvelle course, contre eux, qui sera le premier au parc à vélo ? Je termine malgré tout le parcours sans accélération.
Me voici de retour à l’Alpe… Cécile et les enfants ont été plus rapide que moi, ils sont à nouveau là pour m’encourager. Je termine le vélo en à peine moins de 4h40 à la 106ème position. Une fois n’est pas coutume, je réalise une « bonne » transition. En route pour un semi à 1800m.
Je sais que j’ai tendance à partie trop vite lors de cette enchaînement. Je conserve la cadence du vélo en CAP. J’y suis attentif car je ne veux pas m’effondrer lors du dernier tour. Je me sens relativement bien, enfin comme on peut bien se sentir au 2/3 d’un semi aussi dur que celui-ci. La première partie de circuit se passe bien. Je repense à la reconnaissance faite avec Cécile, à différents souvenirs d’hiver également (lors du passage sous l’Auris Express). J’entame la première bosse dans un petit chemin rocailleux, les jambes commencent à se faire sentir et je me sens barbouiller… Au sommet, juste avant le ravito, je ressens un début de crampe… je ne me sens plus du tout serein. Je marche jusqu’au ravito, bois de l’eau et repart jusqu’au demi-tout en trottinant… Je me sens de plus en plus mal… Je me mets sur le bords de la route et je suis malade. Comme le disait la chanson estudiantine : « je vomis comme un pro… ». Je repense tout de suite à ce foutu bidon de powerbar… J’avait déjà testé à plusieurs reprises cette boisson mais à chaque fois ca ne passait pas. C’est confirmé… A moins que ca ne sois du à l’immodium avalé au pied de l’alpe… Je repars… pour 30m, deuxième et heureusement dernier arrêt. Je trottine plus que ce que je ne cours. Je monte la deuxième bosse et entame la descente vers l’alpe. Je croise Cécile qui comprend tout de suite que ca ne va pas… Je ne dois pas être beau à voir… Retour au parc à vélo, j’en ai fini avec le premier tiers, je ne pense pas à l’abandon et me remet en route pour le second tour. Je reçois une première alerte de mon corps dans la petite descente au début du chemin empierré, la crampe est à nouveau toute proche. Je monte la bosse en mode mineur mais en continuant à courir… J’aurais mieux fait d’y marcher… Au sommet rebelote (pas au niveau gastrique heureusement), les crampes reviennent. Je suis à nouveau obligé de marcher 100 m. Je bois quelques gobelets d’eau et repars. Ces quelques pas de marche m’ont fait le plus grand bien, je revis… Je passe la seconde bosse sans soucis. Je profite de la descente pour accélérer un peu. En traversant l’Alpe, je cherche mon fan club… Ils sont déjà proche de l’air d’arrivée au niveau du ravito. Je marche à nouveau le long de celui-ci pour m’hydrater correctement. Puis je repars pour cette ultime boucle. Je m’oblige à marcher dans la première bosse ce qui me permet d’éviter une nouvelle alerte de crampe. Dernier demi-tour, dernière deuxième bosse et enfin je peux profiter lors de la dernière descente vers l’Alpe. Je vais terminer le triathlon le plus dure que je n’aie jamais fait… Comme je me sens à nouveau bien, je pousse un peu sur le plat, histoire de grappiller une ou deux places. Je traverse le parc à vélo, je tourne à gauche pour 50m de descente et cette fois-ci, je fais le demi tour à droite synonyme de ligne d’arrivée… Je repense aux enfants qui sont passé par là la veille…
Je boucle le semi en 1h52’42’’ et par la même occasion ce tri en 7h19’29’’ à la 130ème place.
Ensuite, c’est que du bonheur, les félicitations des enfants et de Cécile, ils m’avaient manqué à l’arrivée de la marmotte, j’en profite donc doublement. Beaucoup d’émotion aussi lors du retour vers l’appart.
On passera la soirée sur l’aire d’arrivée car les enfants voulaient gagner la clio… Chouette ambiance mais pas de cadeau pour nous