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  • : Mon blog raconte essentiellement la pratique de mon sport, le cyclisme ou plutôt le cyclosport.
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7 juillet 2008 1 07 /07 /juillet /2008 21:24

Me voici enfin arriver à mon Objectif de l’année…

 

Mon état d’esprit est un peu trop confiant… Au mois de février je ne savais pas si je pourrais un jour finir ce type d’épreuve… Mais avec l’accumulation des Km et l’épaississement de mes mollets, je commençais à me dire que ça devrait le faire… Ensuite il y a eu la perte de poids (de 88 kg à 77 kg au départ) et surtout les bons résultats dans les épreuves de préparations, chaque fois j’allais chercher la gold médaille… Je commençais même à me dire qu’éventuellement je pourrais l’obtenir sur la Marmotte…. Heureusement quelques doutes subsistaient, notamment grâce au type de Bouillon rencontré à la gorge du loup. Il était bien plus fort que moi et son objectif était de terminer pour la première fois en moins de 9h alors qu’il avait déjà plusieurs participations à son actif …

 

Le programme d’entraînement sur place est le suivant : lundi alpe d’huez et col d’oz, mardi, reconnaissance du Glandon et col d’Oz, mercredi aller retour à bourg d’Oisans, puis deux jours de repos afin d’accumuler des réserves pour L’épreuve. L’objectif est aussi d’aller péter un temps (moins d’une heure) dans l’alpe le lundi.

 

Je pars donc à la conquête de l’alpe le lundi, pas de bol je crève à 2 km de bourg d’Oisans à cause de travaux. Je me fais la réflexion que lors de maAlpe-Huez-2008-4.jpg dernière ascension d’un col (le Ventoux, il y a deux ans) j’avais crevé à 2 Km du sommet… Je monte l’alpe à un bon rythme en utilisant assez souvent le 34*29, Alain avait raison en me disant si il est là tu l’utiliseras plus que prévu. A chaque virages et à chaque relances, je repasse le 26, voire même le 23. Le temps (météo) est bon mais le temps (qui passe) n’est pas celui espéré 1h 03. Ce n’est peut-être pas plu mal car ça m’a permis d’avoir un peu plus d’humilité face à la montagne. D’autant plus que je ne suis pas parvenu à faire descendre le cœur sous 160 pulsations dans le col d’Oz (qui soit dit en passant n’est pas si facile que ça, il est fort similaire à l’alpe mais tout de même avec quelques Km de moins). Apres cette première sortie, je recommence à douter de mes capacités, c’est plutôt bon signe. Le lendemain je pars reconnaître le Glandon. J’ai une bonne surprise j’arrive au sommeAlpe-Huez-2008.JPGt sans avoir dépassé mon seuil (151 pulsations), c’est une bonne nouvelle pour samedi, je me dit que je devrais pouvoir arriver au bout, dans quelle temps ? (J’essaye de me convaincre qu’on s’en fout). Le sommet de ce col est magnifique, l’eau du lac est d’un superbe bleu et la vue est aussi très belle. Je poursuis l’ascension jusqu’au sommet de la croix de fer ou c’est encore plus beau avec notamment la vue sur les aiguilles d’Arve. Le soir, je prépare une estimation de mon temps de parcours en fonction des moyennes effectués lors de mes deux premières sorties montagnardes… J’arrive à 9h02 sans pause. Le débat est clos, adieu la gold, je peux partir plus sereinement sans (trop) penser à mon temps.

 

Le matin, je me réveille avec les mêmes maux de gorge que la veille, mais je pense ne pas être trop diminué. Je remplis mes bidons, me force un peu pour avaler mon gâteau sport. Les sentiments qui m’habitent sont à la fois de l’excitation, de l’angoisse et surtout beaucoup d’envie d’aller en découdre avec ces fabuleuses routes. Je réveille Cécile et on part mettre le vélo sur la voiture, arrivé à hauteur de celle-ci, je freine et en me retournant je sens une vive douleur dans le dos. J’imagine que c’est du au stress et au froid, je comprendrais plus tard que c’est la grippe (elle durera toute la semaine après notre retour et elle est toujours un peu présente au moment ou j’écris ces lignes (mardi 15/07). Lors de la descente, je reçois les dernières recommandations de Cécile : prudence, prudence et prudence. Elle doit me laisser à Allemont car la route est déjà fermée. Un bisou et un câlin plus tard me voici parti sans mon casque, heureusement qu’elle est la pour me le donner car j’ai déjà la tête ailleurs.

 

Top départ, en route pour ma première marmotte. Le départ est assez rapide (36.3Km/h), je me calle dans les roues et surveille plutôt deux fois qu’une mon cardio, il serait stupide de ce griller ici. Je fais déjà un premier arrêt au pied du barrage d’Allemont pour faire un quatrième pipi, ça sent la frousse. Je veux gérer au mieux cette première ascension. Au pied, le nombre  de concurrent que je double est similaire au nombre de ceux qui me dépasse. Je me dis « laisse partir les fusées et surveille ton cardio ». Au fur et à mesure, je trouve ma place un long moment derrière des maillots Beckers,…  Ce col se monte en trois temps. La 1271134_Screen.jpgpremière partie est la plus difficile (avec notamment 2 Km à 10%), on roule dans le bois jusqu’au Rivier d’Allemond ou un replat et même une petite descente nous attendent avant la deuxième partie. Je suis plus ou moins rassuré par deux choses. Un, mes données polar sont bonnes (5.2 Km à 8.4% roulé à 11.5 Km/h et surtout 153 pulsations de moyenne) et deux, ce petit bout de descente  s’est bien passé (je craignais le comportement des autres mais tout le monde descend en bon père de famille). La deuxième partie, tout aussi difficile, nous conduit au barrage de grand-maison, le paysage devient de plus en plus intéressant à la sortie de descente (en zone submersible) on traverse un long défilé rocheux puis la route serpente Picture-160.jpgun peu pour arriver au deuxième barrage du col. Les données polar sont toujours bonne (8.666 Km à 6.8 % à 13 km/h et 154 puls) et je plaisante avec l’une ou l’autre station française, c’est que tout va bien. Je profite du paysage, c’est à mes yeux les plus beaux paysages offerts par ce parcours hormis la vue du pic de la Meije mais on sera en descente. C’est aussi la qu’on est le plus lucide pour en profiter. La dernière partie (2.562 Km à 7.2%  12.2 Km/h 157 puls) n’est qu’une formalité même si le cœur commence à monter un peu. Au sommet, premier souci : je dois finir le col à pied, non pas à cause de mes jambes mais à cause d’un embouteillage au contrôle et aussi au ravito. Deux minutes d’attentes durant lesquelles j’entend dire qu’il n’y plus d’eau au ravito, j’ai encore un bidon rempli, je décide de continuer. Je suis arrivé au sommet en un tout petit peu moins de deux heures, pile poil ce que j’avais prévu.

J'ai trouvé cette vidéo réalisée par un autre participant, elle résume assez bien l'épreuve, mais surtout on mis apercoit à partir de la 48''.

 

 

 

 

J’entame la descente prudemment, la route est assez bonne, mes trajectoires aussi. Au bout de quelques Km, je me rend compte que j’ai oublié de remettre mes lunettes, serait-ce déjà un petit manque de Picture-128.jpglucidité… Par la suite la route devient moins bonne. Cette descente me paraît bien longue. En bas j’ai des douleurs au cou et je sens de nouveau mon dos, mes doigts me font également mal, si je reviens il faudra que je m’entraîne aussi à freiner… Tout cela passe assez vite. Assez bizarrement, je suis dans la partie que je crains le plus. Je sais que je ne dois pas me mettre dans le rouge ici, mais je sais aussi que je dois intégrer un groupe et si possible un groupe qui ne roule pas trop mal. Je fais toute la vallée avec un flamand (bois) avec lequel on va de groupe en groupe. Je prends tout de même quelques relais, ce n’était pas prévu mais je suis trop bon. Je dois faire monter le cœur deux fois à 170 pour accrocher mais bon, je sais qu’un bon temps passe aussi par la. On verra plus tard. Je fais les 22.4 Km à 30.6 Km/h mais toujours à 151 puls, comme dans un col. Je pense avoir encore assez d’eau pour le Télégraphe, j’entame donc directement l’ascension.

 

C’est le plus facile des quatre mais c’est le premier qui va me faire mal… Sans doute à cause de cette vallée… Le cœur monte assez vite à 160 et plus moyen de monter à 150 comme dans le Glandon. Je rencontre un coéquipier (maillot et vélo look), on papotte un peu il est du coin et en est à sa seconde marmotte. Si j’arrive à parler, c’est que ça va encore. Finalement je monte le Télégraphe en 1h (12.124 Km à 6.7% à 12.1 Km/h à 164 puls), je me suis peut-être un peu laissé emporter par mon copain de fortune, les sensations sont nettement moins bonne, j’attend le ravito de Valloire avec beaucoup d’impatience d’autant plus que je n’ai plus d’eau. J’aurais bien mieux fait de refaire le plein au pied. Apres trop peu de Km de descente je pense être au ravito, mais ce n’est que le contrôle… Heureusement il y a une fontaine. De l’eau enfin. Je fais la « file » et reprend un litre pour aller jusqu’au ravito. Celui-ci est situé à la sortie de Valloire autrement dit il me faut encore parcourir 2 Km dont 1 à 8 %.

 

Voici enfin le ravito, mon bidon est déjà vide, je ne suis pas passé bien loin de la déshydratation. On m’avait dit que les ravitos de la marmotte étaient exceptionnels, je suis d’accord pour leur longueur mais absolument pas pour leur qualité. Mais sur le moment j’étais content de pouvoir tout simplement manger. Ce coup-ci, je remplis mes deux bidons. Je fais deux ou trois étirements et au bout de dix minutes, je repars à l’assaut du Galibier. J’oublie de préciser que je sors aussi mon itinéraire pour voir ou j’en suis par rapport à mon estimation temporelle finale. J’ai 20 minutes de retard en repartant sur le temps prévu à Valloire, je suis 2 Km plus loin, je ne sais donc toujours pas réellement me situé par rapport à la gold, mais je pense avoir réussi à l’oublier définitivement en repartant.

 

La remise en route est très délicate, je m’en doutais, ça a toujours été mon principal défaut. Le parcours est pseudo favorable lors des 3 premiers Km mais les jambes ne tournent plus comme elles devraient. On me dépasse et je ne peux accrocher personne. C’est mon premier grand moment de solitude,… un peu plus loin 1280186_Screen.jpgje vois le panneau « sommet 15 Km » évidemment ça ne fait pas du bien au moral, que du contraire. Au bout de 3 ou 4 Km la machine (moi) se remet en route et les sensations redeviennent moins mauvaises (j’ai failli écrire : « les sensations redeviennent bonnes » dans le Galibier ça aurait été prétentieux, non ?). J’avais beaucoup entendu parler du plan Lachat mais je me suis à peine rendu compte que j’y passais. C’est surtout après qu’on s’en rend compte, je plaisante d’ailleurs avec un concurrent : « il me semblait bien que ça ne montait pas avant ». Le plus dur reste à gravir… Je dépasse énormément de type à l’agonie et je parviens même à raller quand on me double… (Ça devient rare). Ca y est je suis de nouveau concentré sur mon effort, c’est peut-être un peu grâce au coup de fouet avaler au plan Lachat. Mon cœur reste dans des valeurs raisonnables (entre 150 et 160). Je commence à distinguer le sommet. Je pose pour la 1280260_Screen.jpgphoto et arrivé à l’entame du dernier Km. C’est fou quand on me dit que c’est facile, je trouve ça dure et inversement. Définitivement, je suis pas fais comme tout le monde. J’ai monté les 15,4 Km à 10.1 Km/h à 155 puls. J’ai bien fait de surveiller mon cœur dans cette ascension, je ne sais pas si j’aurais pu terminer si j’avais poursuivi à 160 puls.  Au sommet, contrôle de passage (on sait jamais que l’un ou l’autre soit passé par le tunnel) et ravitaillement mais comme d’habitude celui-ci est saturé. Je poursuis ma route en me disant que Cécile sera plus rassurée de me savoir un peu plus bas, je prends la roue d’un type de Grenoble. C’était la tactique d’avant course, suivre un montagnard en descente, je suis tout content d’enfin pouvoir mettre une tactique en place. La veille j’avais repéré une fontaine en haut du Lautaret, c’est la que je vais refaire une dernière fois le plein.

 

Chose promise, chose due, je téléphone à Cécile pour la rassurer. Elle me précise qu’elle ne sera pas à l’arrivée et elle est contente de savoir que j’ai déjà descendu ce qu’elle pense être la partie la plus dangereuse. En fait, le plus dangereux est à venir, le précipice n’est dangereux que quand on y tombe. La cohabitation avec les automobilistes et la traversée des tunnels mal éclairés est bien pire. Je repars tout content d’avoir reçu ces encouragements. Deuxième petit manque de lucidité : je suis reparti sans mettre mon k-way. Ceci m’oblige à un deuxième arrêt. Ce n’est pas trop grave, puisque j’étais seul. Je repars dans un groupe d’une dizaine de cyclos. Le vent souffle assez fort et comme souvent dans cette vallée, il est de face. On revient sur un gros groupe (40 à 50 cyclos). Au moment de faire la jonction, la route devient plus sinueuse et on est gêné par le trafic. Un fou furieux dépasse la dernière voiture nous séparant du peloton, moi j’ai préféré rester prudent et attendre encore un peu. Ca m’a coûté une poursuite de 4 à 5 Km.

 

Je craignais les deux parties montantes de la descente du Lautaret. La première n’était qu’un faux plat par contre la seconde était un peu plus difficile mais j’ai pu rester dans la première partie du groupe dans lequel j’étais. Je jette un rapide coup d’œil sur mon compteur dans la descente et il me semble que mon temps n’est finalement pas si mauvais… Mais je préfère attendre le plat avant Bourg d’Oisans avant de faire une ETA (estimation du temps d’arrivée). En bas justement je me retrouve un peu seul à rouler, tout le monde craint le dernier col… Sans aide, je me relève. J’en profite pour manger mes réserves (sauf un red tonic que je garde pour Huez). Je rassemble mes neurones et je calcule mon ETA. J’en suis à 7h20 d’effort quasiment au pied de l’Alpe. Il me reste 1h30 pour finir avec le brevet d’or. Je recommence réellement à y croire. Je pense mettre 1h15 pour monter l’Alpe, j’ai donc 15 minutes de marge.

 

1303968_Screen.jpgJe pars à l’assaut de l’Alpe surmotivé par la perspective de la gold. Le cœur est à 170 mais la vitesse est quasiment tout le temps supérieur à 10 Km/h. Je dépasse des dizaines de types à l’agonie, ça aussi, ça donne des ailes. Je ne cesse de calculer Km après Km mon ETA. Arrivé à Huez j’ai toujours mon quart d’heure d’avance. C’est la que je commets une grossière erreur, je néglige la prise de mon dernier gel. Je suis dégoûté du sucré, je suis en surrégime et je crains de vomir tout alim1304063_Screen.jpgent solide. Il me reste un demi bidon avec des sucres, il ne reste plus que quelques Km, je pense que ça devrait suffire. Mais j’oublie que 4 Km en montagne ça peut vite faire une demi heure et qu’en une demi heure on peut perdre beaucoup. Et ce qui devait arriver, arriva, la panne sèche. Le compteur oscille entre 8 et 9 Km/h, plus souvent 8 d’ailleurs. On recommence à me doubler ou plutôt à me dédoubler car je reconnais pas mal de gars que je viens de passer. Même la tête ni est plus, je souhaite crever ou casser ma chaîne pour avoir une bonne excuse de faire une pause. Mais rien de tout cela n’arrive et je continue mètre après mètre. La vue de la station me décourage encore plus, je sais que la pente est très exigeante après le virage 1 mais il faut bien passé par là. Enfin me voici dans l’Alpe, après la ligne de la montée officiel (en face de l’office du tourisme) la pente devient plus raisonnable et je peux enfin profiter de ce moment.

 1303981_Screen.jpg

L’émotion qui m’envahit est indescriptible, je sens des larmes monter en moi mais je n’ai plus assez d’énergie pour pleurer. Rien que le fait d’évoquer cet instant en écrivant ces lignes m’émeut à nouveau. Instant magique.

 

Je vais terminer ma première marmotte dans quelques mètres ce qui était encore impensable quelques semaines auparavant. Je vais obtenir le brevet d’or ce qui était encore impensable quelques heures auparavant. Et cerise sur le gâteau à la sortie du dernier virage, j’entends : « allez chouchou ». Cécile avait pris la télécabine pour venir me féliciter. Je passe la ligne et je reviens vers elle, les enfants et mamy qui était tous présent. Mamy part à la recherche d’un coca et je profite de ces premières minutes de repos avec mes enfants. Ils ne resteront pas longtemps, la dernière cabine part bientôt, mais quel bonheur d’avoir pu partager cet instant à nous quatre.

 1314494_Screen.jpgIMG_3203.JPG

Je les raccompagne jusqu'à la télécabine, ça monte encore jusque la (c’est la route de l’arrivée du tour). Apres leur départ je me couche en bas des pistes. Je profite quelques instants seuls de mon exploit avant d’envoyer un sms à Alain et de partager mon bonheur par téléphone avec mon père.

 

Il est déjà temps d’aller manger la pasta party et de redescendre dans la vallée ou Cécile viendra me rechercher. La descente est assez impressionnante, non pas par la vitesse (il y a trop de monde pour aller vite), mais j’ai des visions apocalyptiques. Je croise des centaines de courageux toujours occupés à finir leur marmotte à eux. Certains sont couchés sur le bitume, d’autre s’appuie sur les murets de pierres afin de ne pas mettre pied à terre d’autres sont à pied,… Je croise Sébastien Kemp qui lui en a encore pour une bonne dizaine de Km mais il terminera. Deux petits gars de Weyler à l’arrivée c’est pas mal.

 

Marmotte-2008.JPG

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